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La BCE peut-elle provoquer un choc sur les marchés ?
information fournie par H24 Finance pour Boursorama 25/10/2017 à 09:55

Le siège de la BCE à Francfort. (crédit : BCE)

Le siège de la BCE à Francfort. (crédit : BCE)

Demain, Mario Draghi devrait préciser les modalités de sortie du quantitative easing. Un risque possible pour les Bourses qui profitent de l'argent facile depuis plusieurs années.

Depuis deux ans et demi, les marchés européens bénéficient d’une perfusion de la BCE à laquelle les investisseurs sont désormais largement habitués. La Banque centrale européenne achète des obligations sur les marchés pour un montant de 60 milliards d’euros par mois (temporairement 80 milliards par mois en 2016), ce qui s’est traduit par l’achat d’un stock colossal d’environ 2000 milliards d’euros d’obligations depuis le lancement du programme. C’est l’équivalent du PIB de la France.

Or, ce plan de «quantitative easing», qui visait à l’origine à juguler le risque déflationniste en zone euro, semble désormais de moins en moins nécessaire. Mettre un terme au «quantitative easing» n’est cependant pas simple car ces achats massifs ont poussé les taux des marchés obligataires à des niveaux historiquement faibles : un arrêt soudain des achats pourrait provoquer une remontée brutale des taux en déclenchant des inquiétudes financières que la BCE veut à tout prix éviter.

La BCE face à un dilemme

Les investisseurs européens ont donc été préparés de longue date à l’idée d’une sortie progressive du plan d’achats d’actifs. En septembre dernier, Mario Draghi, président de la BCE, a déclaré que ce sujet devrait être à l’ordre du jour de la prochaine réunion, qui aura lieu demain, jeudi 26 octobre.

«Comme elle s’y est engagée en septembre, l’instance devrait en effet annoncer, jeudi, le calibrage de sa politique à moyen terme», explique David Ganozzi, gérant de Fidelity Patrimoine. «La phase de resserrement monétaire est entamée aux Etats-Unis et prête à être enclenchée en Europe», confirme Sycomore AM.

Le suspense demeure sur la manière dont sera calibré l’arrêt des achats. «La nouvelle posologie monétaire de Francfort est d’autant plus difficile à évaluer que la reprise européenne est aussi robuste que l’inflation anémique», résume David Ganozzi.

Malgré un net redémarrage de la croissance, l’inflation en zone euro (1,5%) reste en effet un peu trop faible par rapport à l’objectif de la BCE (proche de 2%), d’autant plus que «les prévisions d’inflation de la banque centrale ont été une nouvelle fois abaissées pour 2018 et 2019», souligne Sycomore AM. La BCE devra donc trouver le bon juste milieu en proposant une solution de sortie qui tienne compte de ces deux aspects contradictoires de la conjoncture économique européenne.

Vers une sortie en douceur du «quantitative easing»

Mario Draghi, au chevet de l’économie européenne depuis son arrivée à la tête de la BCE en 2011, devrait en tout cas faire tout son possible pour que ses annonces ne déclenchent pas d’inquiétudes.

«Loin de vouloir jouer un quelconque effet de surprise aux effets indésirables sur les marchés, Mario Draghi a jusqu’ici pris soin de baliser le terrain en semant derrière lui des indices explicites», rappelle David Ganozzi de Fidelity.

Pour cette raison, «des stratégies de sortie "agressives" de la part de la BCE paraissent peu vraisemblables», résume Marine Marciano-Rimeu, gérante chez La Française AM.

La banque centrale «vise une sortie sans à-coups de sa politique d’achats d’actifs», confirme Natixis AM dans une note de marché. La politique de la BCE devrait donc rester accommodante l’an prochain, d’autant plus que «les achats résultant des réinvestissements [des obligations arrivant à échéance] vont continuer et être massifs», souligne la même source.

Quels scénarios envisageables pour jeudi ?

Pour les économistes d’Aurel BGC, plusieurs scénarios sont envisageables pour jeudi.

«Le moins probable (…) consisterait en un arrêt brutal des achats de titres sur les marchés à la fin de l’année ». En effet, malgré la bonne conjoncture économique en zone euro, « il est peu probable que les banquiers centraux prennent le risque de choisir une "solution" qui risquerait de déstabiliser le marché obligataire», explique la maison de courtage.

«Le second scénario, donné gagnant par Reuters il y a quelques jours, consisterait en une réduction importante des montants mensuels achetés par la BCE, soit une diminution par deux, accompagnée de l’engagement de poursuivre le programme pendant neuf mois.» La BCE continuerait donc d’acheter des obligations pour 30 milliards d’euros par mois jusqu’en septembre 2018.

«Troisième hypothèse, la BCE pourrait annoncer une réduction de 10 à 20 milliards de ses achats mensuels pour le premier trimestre 2018 et s’engager à revoir son programme au début du mois de mars», envisage Aurel BGC. Ce scénario aurait le désavantage d’offrir une faible visibilité sur l’évolution de la politique monétaire au-delà du premier trimestre 2018.

Enfin, «le scénario le plus rassurant pour les marchés consisterait en l’annonce d’une réduction progressive des achats de titres, par exemple de 10 milliards d’euros par mois, jusqu’à extinction du programme», explique la maison de courtage. Cette solution est celle qui avait été employée par la Fed en 2014 pour sortir de son propre plan de «quantitative easing».

La réaction des investisseurs sur les marchés dépendra du scénario retenu par la BCE. En cas d’annonces inattendues, la volatilité pourrait faire son grand retour sur les marchés jeudi prochain après plusieurs semaines de calme exceptionnel .

H24 Finance pour Boursorama.

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